Musicien et Voyageur
Un des personages les plus enigmatiques de l'histoire du saxophone, Ali Ben Sou Alle (Charles-Valentin Soualle) est né en 1820 à Arras, France. Après avoir gagné un premier prix de Clarinette au Conservatoire de Paris, il est nommé Chef de la musique de la Marine Royale au Sénégal , puis première clarinette de L'Opéra-Comique. Après la révolution de 1848, Soualle duit fuir la France et s'est établi à Londres, où il devient clarinettiste à l'orchestre du Queen's Theatre. Ses mélodies et diverses pièces pour piano y sont éditées.
Pendant son séjour à Londres, Soualle a fait la connaisance d'un autre musicien français, Louis Antoine Jullien, qui a dirigé une série de concerts de musique légère à Londres. Jullien encourage Soualle à apprendre le saxophone, et après avoir effectué quelques modifications (l'ajout d'un mécanisme d'octave simple et des modifications sur les clefs du registre grave - appellant son saxophone modifié le "turcophone") Soualle a acquis une réputation de virtuose et commencé des tournées de récitals en soliste (où "monoconcerts", pour utiliser l'expression de l'époque). Il s'est produit dans toutes les capitales européennes, en Australie, en Nouvelle Zélande, à Manille, à Java, à travers la Chine et aux Indes où il s'installa à Mysore, devenant le Chef de la Musique Royale du Radjah. Pendant ce séjour, il s'est converti à l'Islam et prend le nom d'Ali Ben Sou Alle (ou "Ali, fils de Soualle"). Il s'est par la suite produit à l'Ile Maurice, à la Réunion, au Cap de Bonne Espérance, et au Cap Natal. Tous ces voyages ont été les sujets de sa série de pièces "Souvenirs de..." et font partie d'un reccueil entitulé "The Royal Album" présenté au Prince de Galles après un concert royal. En 1858, Soualle rentre à Mysore juste avant la révolution aux Indes, où il échappe à la mort de justesse.
Vers 1860, Soualle rentre en France pour raisons de santé. Il commence à éditer lui-même ses oeuvres. Le 27 mars 1865, Soualle donne un concert en présence de Napoléon III et de toute la famille impériale aux palais des Tuileries à Paris. Après 1865, on ne sait plus rien de sa vie.